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Juliette Sol semilla superaliments

La France vue par une responsable commerciale : "Les gens ont envie qu'on leur parle sincèrement"

Propos recueillis par Simon Barthélemy du Journal La Croix Sol Semilla, le 22/04/2022 à 15:15

Entretien

Entretien La France vue par... Avant la présidentielle, La Croix L’Hebdo donne la parole à des Français de tous horizons pour qu’ils partagent leurs aspirations et leurs convictions. Aujourd’hui, Juliette Thévenin, responsable commerciale à Bordeaux...

Chez Dior, où elle s’occupait du développement de la maroquinerie pour hommes. « Le côté paillette du luxe n’étant toutefois pas [son] truc », la jeune femme monte sa propre entreprise, qui déniche du matériel de cuisine de qualité ou en fait relancer la fabrication par des artisans français. Mais il y a quinze ans, Juliette traverse une période difficile – le père de son jeune fils la quitte, ses parents décèdent. En quête de stabilité, elle devient responsable d’un magasin bio indépendant à Paris, puis, en 2018, rejoint l’entreprise Sol Semilla, qui transforme ses superaliments dans un laboratoire à Angoulême. Il y a un an, elle s’installe à Bordeaux, où elle a des attaches familiales.

La Croix L’Hebdo : Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

Juliette Thévenin:

Plusieurs choses. Le côté combat dans mon métier me porte beaucoup, le fait de défendre la très bonne idée des fondateurs de mon entreprise : préserver des semences originelles cultivées de façon non intensive dans un écosystème....

..les superaliments, car ce sont des végétaux dotés de tous les nutriments dont le corps a besoin et qui ne poussent que sous certaines latitudes, comme la spiruline du Tchad, riche en vitamine C, le cacao criollo, l'acérola , açaï , très populaires au Brésil.

Je parle de combat, car c’est la réalité d’une TPE française d’une dizaine de salariés : si tu ne te lèves pas le matin, tout s’arrête. Chacun a un rôle pilier dans l’entreprise. Celle-ci offre une certaine autonomie dans l’organisation, et c’est ce que je recherche. J’ai la fibre entrepreneuriale, je travaille...

...le produit est détecté, importé, analysé, vendu. Et puis il y a le côté humain qui me plaît beaucoup. J’ai des contacts aussi bien avec les grandes enseignes de réseaux bio qu’avec des clients qui viennent directement nous voir sur les salons.

Où en sont les français, vus de leur assiette?

JT:

Avec l’alimentaire, on est vite dans l’intimité des gens, chacun exprime ses obsessions à travers la nourriture. Depuis quatre ans que je suis dans cette entreprise, je ressens une méfiance plus forte. Dans un contexte incertain, tout le monde fait attention à ce qu’il dépense, mais aussi à la qualité des produits. Or, nous sommes abreuvés d’informations pas toujours justes sur le contenu de nos aliments, notamment sur le bio.

Cette méfiance, j’essaie de la lever en ne parlant pas aux clients en tant que commerciale, mais en... consomme et cuisine pour son fils et ses amis les produits qu’elle vend. Sans transparence, je ne sais pas faire. Les gens sont fatigués, ils ont envie d’être chouchoutés par des personnes qui leur parlent sincèrement, de garder des liens dans un monde où ceux-ci s’évaporent très vite, au gré des sollicitations.

Quel bilan tirez-vous de ces cinq dernières années?

JT:

On a déjà eu beaucoup recours au chômage partiel pendant les manifestations des gilets jaunes, puis le Covid est arrivé. Les commerçants de proximité en milieu urbain ont été complètement bloqués, et ont dû fermer. Or, notre clientèle est beaucoup constituée de citadins bobos. Mais aussi de chocolatiers de restaurateurs végans, de bars à jus... Tous les projets ont donc été gelés. Certes, la mouvance bio a explosé durant cette période, mais les gens ont surtout acheté des produits de première nécessité, et la dynamique a été soutenue par la course dans laquelle se sont lancées les enseignes de la grande distribution, en ouvrant un...

Cela devient donc de plus en plus difficile pour de petites boîtes comme les nôtres, car nous sommes un marché de niche et nous ne faisons pas partie des priorités de ces chaînes. Heureusement, le végétal a le vent en poupe. Le marché est animé par une clientèle jeune et curieuse de nouvelles expériences, et par des chefs étoilés.

Une scène vous a-t-elle marquée récemment?

JT:

Le pâtissier Pierre Hermé était intéressé par nos produits. J’ai rencontré ses chefs et leur ai présenté le yacon, une sorte de patate douce poussant au Pérou qui donne un édulcorant végétal à l’indice glycémique très bas, donc très adapté aux personnes diabétiques. J’étais très impressionnée, car je n’imaginais pas faire découvrir de nouvelles saveurs à des professionnels travaillant pour l’un des plus grands pâtissiers au monde et qui ont accès aux meilleurs produits. Et c’était très valorisant de voir les...de yacon, qui a une saveur entre le miel et le sirop d’érable

Qu'est-ce vous ne voudriez surtout pas perdre?

JT:

La proximité, ce lien direct avec les personnes qu’offre une TPE locale à travers les magasins, les salons... J’aime discuter de la façon de consommer nos produits avec une vieille dame, une personne malade ou simplement quelqu’un qui veut manger plus sainement, même si mon rôle n’est pas d’être médecin ou naturopathe. Il faut que les résultats de mon travail soient concrets et visibles, et que cela ait du sens. Commercial est un métier parfois mal vu, on a l’image du VRP qui met le pied dans la porte. Mais j’ai l’impression de le faire en apportant ma pierre à l’édifice, en conciliant consommation et éthique.

Quelle est la première mesure que vous prendriez si vous étiez présidente ?

JT:

Je n’ai pas de mesure précise en tête, mais il faut favoriser une agriculture locale et de proximité, pourquoi pas en limitant les ...

...cantines scolaires qui tentent de se fournir localement....Beaucoup de producteurs disparaissent faute de soutien, alors que nous avons des demandes non satisfaites. J’ai rencontré récemment un tisanier qui existe depuis les années 1970 et qui n’arrive pas à trouver de la menthe poivrée française. Il fait son possible pour créer un groupement de cultivateurs locaux. Il y a plein d’initiatives comme celle-là qui sont insuffi- ffisamment soutenues..
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